Il commence par une lettre familière. Elle n’est pas restée là où elle était. Il veut lui faire croire qu’elle existe. Elle contient ce qui reste quand tout a été détruit. Il s’arrête en plein milieu d’une phrase. Elle entame sa chute. Il est sans rancœur et sans ressentiment. Elle s’allonge et se dissimule. Il donne le sens. Elle devient telle qu’elle est. Il n’a de cesse de faire ce qui doit l’être. Elle n’a rien à répondre. Il s’absorbe dans sa propre qualité. Elle n’est plus à l’instant la même que celle d’autrefois. Il ne se souvient plus d’elle. Elle rassemble ses cheveux en arrière. Il s’épuise phrase après phrase. Elle se trouve là à présent. Il traverse pour aller vers le côté ombragé de la place. Elle dénoue sa ceinture et s’allonge. Il balaie tous les verres d’un revers de la main. Elle entend tout ce qui lui échappait. Il se laisse tomber vers l’herbe. Elle ouvre son peignoir. Il met ses mains derrière sa tête et inspire profondément. Elle commence à voir. Il réitère quotidiennement son refus de se laisser mourir. Elle souhaite déjà la fin de sa solitude. Il perd son idée. Elle reprend son souffle. Il se tenait là. Elle contemple la mer seule. Il se tient dans son jardin après la pluie. Elle est debout à côté de sa maison. Il s’approche aussi près que possible de son achèvement. Elle se laisse tomber sur le lit. Il effleure la surface de l’eau et plonge. Elle ne pleure plus à présent. Il pense avoir disparu de leur vue. Elle laisse pleuvoir l’eau sur ses épaules. Il énumère : le fleuve, la source, ces pensées, les courbes, leur absence, mes mots, les roses, une fourmi, l’eau, un bourdon, les raisins écrasés, ta voix, ta peau encore chaude, le vent, l’ombre, le soleil, la lumière, la nuit, les rideaux, le lointain, ce matin, l’air, le jour, les pierres, les roseaux, la pluie, les pivoines, le jardin, le disque lunaire, le bouquet de lilas, le trou dans la haie, les fougères, le crépuscule, les phrases.