Au fil des heures, dans le temps qui s’écoule lisse, isomorphe, sans bouleversement, sans événement ou presque, dans l’espace familier, anodin, comme n’arrivent que quelques images confusément entrevues, dans le regard insistant sur l’immobilité des choses autour, dans l’immobilité égale de la pensée, où rien n’émerge véritablement, sinon quelques bribes sans réelle consistance, sinon la mémoire de, les traces sur les murs considérées longuement sans que cela ne produise d’effets, dans la pensée de l’existence, la pensée que j’avais, la notion que je cherche, dans l’évidence de l’impossibilité de la pensée au moment même où affleure qu’elle n’est discernable, qu’elle restera voix lointaine, amenant sans cesse le même état, la même stase, dans les bruits environnants et le vide devant, avec l’image indéfinie et plus qu’un vague souvenir visuel, presque sans forme et sans saveur, devenant de plus en plus une simple surface sans qualité ni profondeur, amenant par attraction d’autres instants identiques tout aussi insignifiants, dans l’absence de, de vue sur, dans l’idée que les formes s’abolissent successivement, dans la conscience de la mort et de la destruction des êtres et des choses, où ne résistent que quelques images reflétées comme celle de la maison grise sur la rue, du jardin, de la ville depuis, de la place et des rues ou bien des chemins empruntés… se présentant sans ordre à la conscience, s’évanouissant dans le même mouvement, restant le signe inaccessible de, dans la forme la plus banale qui soit, comme un bruit blanc permanent, un bourdonnement égal où rien de défini n’arrive à prendre forme, dans la relativité des perceptions et des affects, la brièveté de leur apparition, les choses oubliées au moment même, retournant aussitôt à l’indifférencié, repensant à, émettant l’idée de, d’une soumission au flux, dans l’impossibilité à relier, à coordonner quoi que ce soit, dans l’anéantissement de toutes relations à.